Injection de graisse autologue dans les seins ou lipofilling mammaire

En chirurgie esthétique, l’injection de graisse autologue peut constituer une alternative, ou bien un complément, à la mise en place de prothèses mammaires lors d’un désir d’augmentation modérée de volume de la poitrine chez une patiente qui désire un « résultat naturel » sans corps étranger prothétique.

Indications d’une augmentation mammaire par transfert graisseux

  • Augmentation de volume du sein

    Le lipofilling mammaire s’adresse préférentiellement aux patientes qui souhaitent une augmentation de volume modérée (½ à 1 bonnet). Une des meilleures indications de cette technique est le remplissage du pôle supérieur du sein — lorsque celui-ci se retrouve creusé après une grossesse, un allaitement ou un amaigrissement — permettant ainsi à la patiente de retrouver son état antérieur. Pour celles qui désirent une augmentation plus généreuse, une deuxième séance sera nécessaire.

    Le lipofilling est aussi indiqué pour corriger la visibilité excessive d’un implant mammaire en silicone — en particulier lorsque l’implant a été mis devant le muscle chez une patiente qui possédait très peu de volume glandulaire. On peut lisser la peau, corriger les courbes, cacher la naissance de la prothèse pour obtenir une forme de sein plus harmonieuse.

  • Correction des malformations mammaires

    Le lipofilling est aussi indiqué la correction de malformations mammaires, notamment dans le traitement des asymétries mammaires, des seins tubéreux et du syndrome de Poland.

Avant…

… après, association prothèse et lipofilling

Principes de l’injection de graisse dans le sein

  • Technique du lipofilling des seins

    Du tissu graisseux est prélevé — comme au cours d’une liposuccion. La graisse recueillie est purifiée de façon à injecter la matière graisseuse la plus pure possible. Le tissu graisseux est ensuite injecté dans le sein au moyen de canules très fines. Il s’agit d’une véritable greffe de tissu graisseux. On parle de greffe adipocytaire, autologue ou encore d’une « autogreffe ».

  • Conditions de succès de la greffe

    Pour que cette greffe « prenne », un certain nombre de facteurs sont nécessaires.

  1. Quantité et qualité de la graisse prélevée

    Il faut tout d’abord que la patiente présente un site donneur de graisse de volume suffisant d’autant plus que l’on estime schématiquement que 50% du volume prélevé est perdu au cours de la préparation de la graisse obligeant à prélever au moins le double de la quantité à injecter. Ainsi une patiente trop mince ne sera pas une bonne candidate pour cette technique.

    Il faut une graisse de bonne qualité. La graisse superficielle — que l’on associe souvent à la cellulite — est une graisse de mauvaise qualité, au contraire de la graisse « profonde » — située p.e. au niveau du ventre, de la culotte de cheval ou de la face interne des genoux — qui constitue elle une excellente zone donneuse.

  2. Préparation de la graisse

    La graisse prélevée doit être purifiée de façon à séparer les cellules graisseuses des autres éléments prélevés (sang, huile, sérosités, etc.).

    Différents processus de préparation de la graisse existent (centrifugation, lavages, etc.) sans que l’on puisse réellement affirmer qu’une méthode soit meilleure qu’une autre.

    Le seul élément certain est que plus la graisse est pure, meilleure sera la prise de greffe.

  3. Apport sanguin suffisant

    Comme toutes les greffes, qui sont des transferts de tissus n’ayant pas leur propre apport sanguin, une greffe de tissu graisseux ne peut survivre et donc prendre que si l’apport sanguin à la cellule graisseuse est suffisant.

    Pour cela, il est indispensable que les cellules graisseuses soient au contact des tissus receveurs (muscle, glande mammaire pré-existante, peau).

    Intuitivement, on comprend très bien que lorsque l’on essaye de greffer de grandes quantités de cellules graisseuses, un certain nombre de cellules seront perdues dans la masse et absolument pas au contact des tissus receveurs. Ces cellules graisseuses ne pourront survivre seules et seront progressivement assimilées par l’organisme.

En conséquence, il est vain de vouloir greffer des grandes quantités de graisse et d’espérer obtenir une augmentation de volume supérieure à un bonnet en une seule séance.

On estime qu’en moyenne seules 60 à 70% des cellules greffées survivent — ce qui explique la perte de volume observée dans le premier mois consécutif à un lipofilling des seins. Si une augmentation de volume d’un bonnet ou plus est souhaité, il faudra recourir à une seconde voire une troisième séance de lipofilling.

Un résultat définitif

Une fois la greffe prise, la graisse se comporte comme un tissu vivant ; les cellules greffées réagiront comme les tissus environnants. Ainsi si la patiente maigrit, le volume apporté diminuera et vice versa.

Un traitement sous surveillance

D’innombrables études ont montré que cette technique n’augmente pas le risque de cancer du sein. Le risque est évalué à 1 sur 218 avant 40 ans, et 1 sur 40 après 40 ans. De même, cette technique ne masque pas le dépistage radiologique d’un cancer du sein par un radiologue spécialisé en imagerie du sein.

La société française de chirurgie plastique et esthétique (SoFCPRE) cautionne l’injection de graisse dans la glande mammaire en chirurgie d’augmentation mammaire.

Un bilan radiologique préopératoire (échographie et mammographie) réalisé par un radiologue entraîné est considéré comme indispensable, et sa normalité (ACR1 ou ACR2) est le préalable indispensable à la réalisation de cette intervention.

La SoFCPRE recommande en outre que la patiente s’engage à faire réaliser un bilan d’imagerie de référence un an après cette intervention, si possible par le même radiologue, puis à rester sous surveillance médicale régulière.

Déroulement de l’intervention

  • Bilan sanguin, consultation pré anesthésique et mammographie et échographie pré opératoire demandés

  • Hospitalisation : ambulatoire

  • Durée de l’opération : entre 1 heure 30 et 2 heures 30

  • Type d’anesthésie : générale

  • Douleurs : légères

  • Soins postopératoires : ablation du pansement entre j+4 et j+5

  • Habituellement soutien-gorge jour et nuit pendant 2 mois

  • Reprise d’activité professionnelle entre 3 et 4 jours

  • Résultat considéré comme définitif 3 mois après l’opération.

Voir la fiche SoFCPRE sur le transfert graisseux dans les cas d’augmentation mammaire (société française de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique)

Voir aussi ma vidéo 1 mn “Ce que permet le lipofilling des seins”